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Je suis une femme québécoise d’origine haïtienne qui vit au Québec depuis plus de 45 ans et je ne reconnais pas la générosité et l’ouverture d’esprit qui caractérise la grande majorité des Québécois dans vos propos.
Je vous classe donc dans une catégorie à part. Vous vous faites plus sots que vous ne l’êtes et vous vous glorifiez d’être mesquins, jaloux et ignorants de l’histoire d’Haïti.
Vous croyez insulter Dany Laferrière et Haïti mais c’est vous-mêmes que vous insultez. Je connais les grands écrivains québécois que j’admire tout autant et je reconnais leur génie. Ils n’ont pas obteunu une place à l’académie française parce qu’ils n’y ont pas appliqué tout simplement. S’ils avaient eu « l’audace » de le faire avant, je suis absolument certaine qu’ils auraient obtenu le titre d’académiciens qui n’est pas un privilège réservé à une caste.
Je crois qu’Haïti et le Québec ont beaucoup plus en commun que vous ne voulez le croire. Entre autres, un passé colonial qui nous marqués de toutes sortes de façons. Qui nous a laissé des séquelles profondes dont la jalousie et la mesquinerie dont vous faites si fièrement étalage, mais aussi un désir irrépressible de créer, de nous réinventer et de partager notre humanité avec les autres.
S’il est juste de dire qu’Haïti est aujourd’hui un pays économiquement dépendant, il faut reconnaître que paradoxalement, il est riche culturellement et a fourni au Québec toute une série d’intellectuels de haut calibre, qui sont arrivés au début de la Révolution Tranquille et qui ont largement contribué à son développement culturel et financier.
Oui, Madame Ferretti, ce petit pays sur lequel vous crachez avec mépris a fourni au Québec un nombre de professeurs, de médecins, d’avocats et d’autres professionnels dont la formation n’a rien coüté.
Le point de vue de Andrée Ferretti
Dany Laferrière: le modèle parfait de l’anti Québécois *
L’homme a confiance en lui et a l’audace de sa colossale ambition. Même s’il a vu le jour en Haïti, pays malheureux s’il en est, il sait depuis toujours qu’il n’est pas né pour un petit pain. Autrement dit, il est d’un peuple libre qui n’a aucune notion de la résignation, qui n’éprouve aucun sentiment d’infériorité à vivre aux crochets de la charité universelle, sachant d’instinct qu’il est une source de richesse pour les organisations qui président à ses incessants besoins de renflouement. Mieux, d’un peuple qui se soucie comme de sa première chemise du regard que pose le monde sur lui.
Dany Laferrière a conquis, conquis sans coup férir le siège numéro deux de l’Académie française, simplement parce qu’il a eu la témérité de présenter sa candidature au seul nom de lui-même. « Front de bœuf » ne fait pas partie des clichés de sa culture, ce qui ne l’empêche pas lui, de l’avoir.
Incontestablement excellent écrivain, il n’a pas pour autant le génie de nos Jacques Ferron, Victor-Lévy Beaulieu, Marie-Claire Blais, pour ne nommer que nos plus grands. Sa force admirable, et que j’admire au plus haut point, réside toute entière dans sa certitude que la reconnaissance de la valeur d’un être comme d’une œuvre tient essentiellement, en notre époque consumériste, au talent de la monter en épingle. Compétence qui échappe aux Québécois, du plus grand au plus petit.
Je déplore donc le pétage de bretelles de notre élite culturelle et politique qui revendique la « québécité » du nouvel académicien, énième manifestation de notre aplat-ventrisme, pendant que lui-même, avec raison, ne rendra grâce de son élection qu’à la puissance, la créativité et la beauté de la culture haïtienne.
Depuis son Haïti natale, entre la Floride et la France, Dany Laferrière n’a toujours été que de passage au Québec.
Saluons cet illustre visiteur, mais soyons fiers, en ne nous appropriant pas contre son gré la gloire de l’obtention d’un siège à l’Académie française.
Andrée Ferretti
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* Note de ind: « anti » dans le sens de « contraire » et non de « contre »…
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